LE PROJET PÉDAGOGIQUE

1 -Utilité d’un projet pédagogique

Une crèche parentale est une structure par définition complexe et mouvante.

En effet, le nombre d’adultes intervenant auprès des enfants dans la vie quotidienne de la crèche est important : les professionnels de la petite enfance, salariés de l’association, que nous appellerons ici les « permanents » mais aussi les parents qui assurent une présence régulière et effective.

Cette présence d’adultes auprès des enfants est par ailleurs variable :  si les permanents assurent une présence quotidienne, les parents par contre se relaient chaque jour suivant un calendrier défini. De plus, chaque année qui passe implique un renouvellement progressif des enfants et de leurs parents.

La crèche du Moulin Bleu repose donc sur une indispensable concertation entre parents et professionnels.

Le rôle de chacun doit être clairement défini et tous doivent pouvoir se fédérer autour d’un projet pédagogique, conçu en commun par l’équipe de départ, et unanimement accepté par les anciens comme par les  nouveaux arrivants. Ceci  afin de  pouvoir suivre une  « ligne de conduite » commune et cohérente avec les enfants.

Au quotidien donc, le projet pédagogique propose un cadre et des repères auxquels chaque intervenant adulte peut et doit se référer.

2 -Les acteurs du projet pédagogique

Enfants / permanents / parents : le rôle de chacun

  • Les enfants se retrouvent au Moulin Bleu pour grandir ensemble, s’épanouir, s’initier à la vie en collectivité… Les enfants handicapés, comme les autres, pourront être accueillis au sein de notre crèche. Notre projet d’initier l’enfant à la vie en collectivité, c’est aussi l’amener à découvrir et accepter les différences et les particularités de chacun et lui proposer un monde ouvert où l’exclusion est rejetée. Le handicap recouvrant une grande diversité de situations, nous nous engageons à mettre en place un projet individualisé, répondant au plus près à la problématique personnelle de chaque enfant handicapé accueilli.
  • Les permanents apportent leurs compétences de professionnels. Ils assurent la stabilité dans un lieu par définition mouvant (comme vu plus haut). Par ailleurs, les professionnelles portent aussi un autre regard sur les enfants, un regard à priori plus neutre et moins affectif que celui d’un parent sur son enfant.
  • Les parents participent par une présence régulière à la vie quotidienne des enfants et des permanents. Chacun apporte à sa façon les particularités de sa personnalité, ses talents (cachés ou reconnus) et ses compétences individuelles auprès des enfants. Par ailleurs, en dehors de l’aspect purement pédagogique, les parents participent concrètement à la gestion de l’association.

3 -Les orientations pédagogiques

Les espaces
L’équipe pédagogique a choisi de cloisonner les espaces en fonction des groupes d’âge : pièce des bébés, pièce des moyens, pièce des grands. Chaque espace est ainsi aménagé et équipé en accord avec les besoins et les compétences des enfants qui y passent leurs journées.

  • Espace des Bébés : La pièce peut être fermée, pour permettre aux bébés de se mouvoir en toute sécurité, à l’abri des jeux et déplacements des plus grands. Nous installons les bébés sur le sol, avec des jeux à leur disposition, afin qu’ils puissent les attraper et les manipuler s’ils le désirent. Cette installation est privilégiée, pour leur permettre de découvrir leur corps et leur environnement sans entrave, dans une grande liberté de mouvement. Cette pièce est le lieu de vie des bébés. Ils y prennent leurs repas. Une pièce de sommeil attenante à leur salle de jeu est réservée aux bébés, ce qui permet de respecter au mieux leur rythme de sommeil. Les enfants plus grands peuvent venir chez les bébés, mais seulement pour des jeux calmes.
  • Espace des Moyens : L’espace des moyens est la pièce centrale de la crèche, organisée pour répondre à un besoin caractéristique de cette tranche d’âge : BOUGER. Les enfants  sont en effet  dans une période « d’explosion motrice » :  la  marche  se  met  en  place,  ils  adorent grimper, porter, tirer, pousser…Ils découvrent aussi le plaisir de faire semblant (coin dînette, par exemple). De nombreux jeux sont à leur portée, pour qu’ils puissent les choisir eux- mêmes. Les moyens font encore souvent 2 siestes par jour, et ils peuvent être couchés à n’importe quel moment de la journée dans leur dortoir. A cette période, la vie de groupe s’installe peu à peu, et les enfants restent peu de temps sur une même activité, vite attirés par autre chose. Il est donc important de limiter les déplacements pour ne pas gêner cette vie de groupe. Cela passe entre autres par le respect des horaires d’arrivées (de 8h à 9h30).
  •  Espace des Grands : L’espace des grands est leur lieu de vie à la crèche à part entière. C’est l’endroit où ils jouent, que nous aménageons chaque jour pour qu’ils y fassent aussi la sieste. En grandissant, les enfants ont des jeux de plus en plus structurés, construits, qui peuvent durer longtemps. Par exemple, ils peuvent décider de construire un zoo, avec les legos ou les kapla en guise d’enclos, dans lesquels ils installeront les animaux. Quand ils entreprennent de tels jeux, ils ont besoin de temps et de tranquillité, ce qui n’est pas possible si les enfants plus jeunes viennent courir dans la pièce, ou défaire l’installation mise en place. Ils jouent aussi à des jeux qui contiennent des éléments fins, qui pourraient être ingérés par les plus jeunes. Pouvoir fermer l’espace des grands permet de leur proposer des activités variées, adaptées à leur âge.

 

Si les acteurs du Moulin Bleu (enfants/ permanents/ parents) se doivent de respecter les règles d’une vie collective, il est cependant très important de rester à l’écoute du rythme de chaque enfant et de l’individualité de chacun. En ce qui concerne les enfants, cela se concrétise par un choix délibéré au niveau de l’organisation de l’espace : au sein d’espaces communs s’ouvrent divers espaces individuels. De même, si chaque groupe a son espace approprié, les circulations sont possibles entre les différentes pièces. Les enfants du groupe des moyens peuvent aller chez les grands et vice- versa, à condition de respecter les jeux déjà mis en place. 

Les espaces communs sont conçus pour les activités où la convivialité est de mise, à savoir :

  •  L’espace repas, aménagé pour favoriser au maximum l’autonomie des enfants. Le mobilier a été choisi pour permettre aux enfants de s’installer seuls. La vaisselle est choisie aussi pour permettre aux enfants de manger seuls dès qu’ils en expriment l’envie. Il est important aussi de respecter autant que possible leur choix en ce qui concerne les aliments et les quantités. L’appétit est très variable d’un enfant à l’autre, il est donc important de leur faire confiance en ce qui concerne les quantités qu’ils mangent. Un enfant qui « saute un repas » n’est pas en danger. L’enfant fait l’expérience de ce qu’il mange. Si ça paraît peu, l’adulte est là pour lui expliquer que pour manger à nouveau, il lui faudra attendre le prochain repas. Pas de grignotage entre les repas, c’est une des règles de base d’une alimentation équilibrée. De la même façon, évitons de compenser : un enfant qui ne veut pas de petits pois  n’aura pas deux yaourts « à la place ». Obliger un enfant à finir son assiette, c’est l’inciter à manger au-delà de son sentiment de satiété. Insister « en douceur » en imaginant une course avec les autres enfants, ou un jeu « une cuiller pour papa – une cuiller pour maman » serait risquer de lui transmettre l’idée qu’on mange pour les autres (ou contre les autres). Le repas est aussi un moment-clé de l’apprentissage de la vie avec les autres. Il est important que ce moment soit convivial, certes, mais dans une certaine mesure : ce n’est pas non plus un moment de jeu. A la crèche, il y a donc certaines règles à respecter pendant les repas : on peut parler mais pas crier, on peut faire des expériences mais pas de la patouille (toucher sa purée avec les mains, oui, tremper les mains dedans, non). Le repas est préparé de façon à être servi rapidement, il se prend assis à table. Ces règles de vie sont indispensables pour que le repas garde un caractère convivial et détendu. Il est bien évident que les adultes présents à la crèche doivent eux aussi respecter ces règles : ne pas s’interpeller d’une table à l’autre, rester assis à table, et maintenir un niveau de discussion calme. A table comme partout dans la crèche, il est vivement déconseillé d’entreprendre des conversations d’adultes au dessus de la tête des enfants. Il y a plusieurs raisons à cela : d’abord, les adultes sont à table avec les enfants pour partager ce moment ensemble, ce qui est incompatible avec des échanges dont les enfants seraient exclus. Ensuite, nous pouvons constater à chaque fois que quand les adultes parlent fort, les enfants montent le ton à leur tour, ce qui devient vite une cacophonie peu agréable.
  • L’espace jeu pour les jeux collectifs mais aussi pour les jeux où plusieurs enfants jouent dans le même espace sans pour autant être obligés de jouer ensemble (loto, jeux d’encastrement…), tout en respectant les jeux des autres : un enfant ne peut pas prendre le jeu d’un autre sans lui demander, ne peut pas détruire la tour qu’un autre vient de construire… et on range tous ensemble pour garder un endroit agréable à vivre, et pour pouvoir trouver un jeu sans avoir à faire des recherches archéologiques. L’espace commun s’ouvre aussi à divers « coins » pouvant être utilisés individuellement ou en petits groupes. Les enfants doivent pouvoir s’approprier ces espaces : cela nécessite que ces espaces soient d’un accès facile et dont chacun, adulte et enfant, respecte les règles.
  • Un coin « humide » où l’enfant pourra patauger à souhait et expérimenter diverses activités utilisant l’eau (remplir, vider, éclabousser…). Ce coin est aussi utilisé pour la peinture, pour des jeux de manipulation (motricité fine) avec de la farine, des pâtes, du sable….
    L’espace est aménagé de façon à proposer un coin lecture, coin cuisine, coin d’activités à table…

 

Les espaces individuels :

  • Le moment du change doit absolument se faire dans l’espace individuel prévu à cet effet. Pour sauvegarder le caractère individualisé de ce moment relationnel, il est important aussi de limiter le nombre de personnes intervenant dans le change. Chaque famille effectuant une demi-journée de garde à la crèche, on ne peut envisager que l’enfant soit changé par 10 personnes différentes dans une même semaine. Il nous paraît donc nécessaire de fonctionner comme suit : C’est en priorité la référente de l’enfant qui change la couche de celui-ci, ou bien sûr, son propre parent de garde. L’intervention  d’un  autre  parent  dans  ce  moment  intime  ne  pourra  se  faire  qu’après concertation avec la référente, qui connaît l’enfant dans la continuité. Un rideau a été installé dans la salle de change pour que la couche de l’enfant puisse être changé à l’abri des regards. Dans ces conditions, la pudeur de l’enfant peut être respectée.
  •  Le lit, lieu de repos, est bien sûr un espace individuel que chaque enfant s’approprie, où il prend ses habitudes, où il retrouve sa propre odeur, ses objets familiers et qu’il sait pouvoir retrouver à chaque fois qu’il en a besoin. Bien sûr, un enfant a SON lit et aucun changement ne doit être effectué sans que l’enfant ait pu s’y préparer. Par exemple, lors du passage d’un groupe à l’autre, le changement se fera progressivement, avec l’accompagnement de la personne référente, et au rythme de chaque enfant. Comme pour le change, la vie de la crèche est organisée pour que le moment de la sieste) puisse être accompagné par l’un des permanents qui connaît les rituels et le rythme de sommeil  de  chaque  enfant.  Qu’il  s’agisse  de  l’endormissement  ou  du  réveil,  il  est indispensable  que  les  professionnelles  référentes  soient    présentes  dans  les  espaces  de sommeil pour répondre à la demande de chaque enfant en fonction du rythme de sommeil de chacun.

Tous ces espaces, communs ou individuels, sont aménagés, bien entendu, en fonction de la taille et de l’âge des enfants. L’insonorisation sera prise en compte de façon à ce que le volume sonore soit tolérable par les petites comme les grandes oreilles. L’espace est réfléchi de façon à permettre aux enfants de prendre peu à peu leur autonomie

L’autonomie

Cette autonomie s’appuie sur plusieurs éléments :

  • La mise en place de repères spatiaux qui permettent aux enfants de s’approprier les lieux. Concrètement, cela signifie une certaine stabilité dans les aménagements. Par exemple, un endroit a été déterminé pour le rangement des livres, dans chaque espace (bébés, moyens, grands. Un enfant qui peut trouver facilement son livre préféré dans un endroit qu’il connaît bien peut ainsi se construire une routine rassurante.
  •  La vigilance à ce que la sécurité physique des enfants soit assurée : aider un enfant à devenir autonome, c’est lui donner les moyens de découvrir le monde avec l’assurance de ne pas se mettre en danger. Cela implique bien sûr une réflexion constante quant à l’aménagement des locaux.
  •  Cela passe aussi par un travail pédagogique consistant à aider l’enfant à mesurer les risques qu’il prend. Pour cela, il est important de laisser à l’enfant l’initiative de ses actes : par exemple, on n’assoit pas un enfant qui ne sait pas le faire par lui-même, on ne le met pas sur un camion dont il ne sait pas descendre…. Inversement on ne l’empêche pas de monter sur le toboggan en disant « tu vas tomber », mais on le laisse vivre ses expériences en le prévenant des risques qu’il prend éventuellement., en l’accompagnant, en le guidant dans les passages critiques et on le rassure, on le console s’il est tombé.. Le rôle de l’adulte  n’est pas d’empêcher l’enfant de prendre des risques, mais de lui  permettre  d’entreprendre  dans  un  contexte  sécurisant  matériellement  et psychologiquement. Notre projet pédagogique s’appuie grandement sur la confiance faite aux enfants  et  à  leurs  compétences..  A  nous  de  leur  proposer  les  outils  pour  mettre  ces compétences en œuvre.
  •  On veille donc à la taille, la stabilité des éléments, aménagements mis à leur disposition, pour que les enfants puissent s’en saisir sans danger, et le plus souvent possible sans intervention de l’adulte.
  • Il nous faut trouver un équilibre entre ce que l’on a envie de laisser faire aux enfants et ce que les enfants peuvent ou veulent faire seuls. Cet équilibre est variable en fonction de l’évolution motrice, du goût du risque de chaque enfant.
  •  Il ne faut pas oublier que les limites posées par les adultes favorisent aussi l’autonomie de l’enfant : dire non à un enfant, c’est d’abord le traiter comme une personne et c’est aussi lui permettre de comprendre qu’il peut dire non à son tour. C’est l’une des clés de la relation à l’autre. Par ailleurs, il est important d’expliquer et de nuancer ce NON : parce que c’est dangereux, parce que ça peut faire mal à un autre enfant, parce que c’est sale, parce que ça abîme le matériel… et surtout pas parce que l’enfant serait «  vilain » ou « un cochon ». Une des clés de la pédagogie de la crèche est de critiquer (positivement ou négativement) l’acte et non l’enfant qui l’accomplit.

 

Le jeu

Il ne faut pas confondre « Activité » et « Activisme ». La journée de l’enfant à la crèche est composée de différents moments qui représentent tous des « activités » d’égale importance dans le développement harmonieux d’un enfant : dormir, manger, jouer, ne rien faire… La crèche est un lieu de vie,   où apprendre à vivre avec les autres est déjà un travail de chaque instant.

Ne « rien faire » selon les adultes, c’est pour l’enfant écouter, regarder, observer… donc apprendre.

Le matériel et les activités se doivent d’être adaptés en fonction de l’âge de l’enfant de façon à éviter de le mettre en échec. Là encore, un équilibre doit être trouvé : ne pas tout réussir au premier essai peut être un  moteur de l’apprentissage, ne jamais réussir une activité trop difficile peut être un frein.

L’enfant doit aussi avoir le choix. Exemple : « les jeux d’encastrement, c’est bon pour les enfants » Oui, mais si un enfant n’a pas envie de faire d’encastrements, il grandira quand même harmonieusement.

Dans un même ordre d’idées, une croissance harmonieuse n’obéit pas à un schéma linéaire, identique pour tous. Chaque enfant évolue à son propre rythme, avec des centres d’intérêts qui ne sont pas  les mêmes pour tous, avec une personnalité qui se dessine très tôt dans la vie du tout-petit. Il est donc inutile et déplacé de comparer les enfants entre eux. Notre projet parle de respect de l’individualité de l’enfant, c’est ce respect qui s’exprime en laissant chaque enfant évoluer sans être identifié comme « en avance » ou « en retard » par rapport aux autres. L’enfant grandit pour lui.

Même si les jeux dits « éducatifs » peuvent présenter un aspect pédagogique intéressant, il ne faut cependant pas perdre de vue que l’épanouissement de l’enfant et son plaisir sont plus importants qu’une accumulation de connaissances et de stimulations.

Un enfant apprend autant et peut s’amuser beaucoup en accomplissant lui-même les gestes de la vie quotidienne : délacer ses chaussures pour les ôter, se laver les mains, mettre une clé dans une serrure…

Par ailleurs, les activités et jeux proposés doivent permettre à l’enfant d’explorer, de découvrir et de développer sa créativité, son imagination. En prenant conscience de ce qu’il sait faire, il acquiert sa confiance en lui.

Sur le plan psychomoteur : entre 0 et 3 ans, l’enfant découvre progressivement son corps, ses possibilités psychomotrices et développe son sens de l’équilibre. A cet effet, des activités d’éveil corporel et rythmique ainsi que des sorties à l’extérieur (au square notamment) lui permettront d’évoluer à son propre rythme.

La motricité fine ne sera pas oubliée avec les activités manuelles (dessin, peinture, découpage, collage, pâte à sel, à modeler…) et la manipulation d’objets divers.

Quant aux bébés qui, en l’espace de quelques mois, réalisent l’incroyable exploit de passer de la position allongée à la station debout, on favorisera un espace approprié où ils pourront se mouvoir en toute sécurité.

Quelle que soit la tranche d’âge (petits, moyens ou grands) des activités et des jeux permettant les expériences sensorielles seront privilégiés :

  • tactiles : expérimentation et différenciation des matières, des formes (peluches, jouets en plastique dur, mou, tapis et tableaux d’éveil…)
  • sonores : hochets, instruments de musique, chant, musique…
  •  visuelles  :  formes  et  couleurs  des  jouets,  des  structures,  des  autres  enfants,  de  leurs vêtements, diapositives…
  •  olfactives et gustatives : préparation et dégustation de plats (gâteaux, entremets…)

Il faut cependant garder à l’esprit que la vie quotidienne est riche en plaisirs simples qui restent à explorer tout au long d’une vie…

Apprendre à vivre ensemble

Un enfant évolue bien dans un climat relationnel serein. Or, de bonnes relations vont souvent de pair avec une communication réelle et efficace. Cette communication doit être effective à tous les niveaux et entre tous les « acteurs » (enfants / permanents / parents).

La  vie  en  collectivité  implique  un  certain  nombre  de  règles  simples  ayant  comme  axe fondateur le respect de l’autre. Ces différentes règles doivent être expliquées aux enfants avec des mots simples et à leur portée.

Certaines règles sont incontournables, pour que la crèche reste un endroit où les enfants se sentent en sécurité : Il est INTERDIT de malmener un enfant, physiquement (le secouer, le tirer par le bras ou tout autre geste agressif) ou verbalement (se moquer de lui, le critiquer ouvertement, critiquer ses parents en sa présence…)

Notre rôle d’adulte est d’aider les enfants à exprimer leur désaccord ou leur colère par d’autres moyens que la violence. Cela implique aussi que nous adultes, évitions absolument tout passage à l’acte. Un adulte peut être soucieux, stressé ou excédé pour de multiples raisons. Dans ce cas, il doit pouvoir et savoir passer le relais pour éviter tout débordement. De même, les crises entre adultes doivent être réglées en dehors de la présence des enfants.

D’autres règles doivent être amenées avec plus de souplesse afin, notamment, de proposer un temps d’adaptation aux nouveaux venus (façon de se tenir à table ; ne pas réveiller les autres pendant la sieste…)

Outre que ces « règles du jeu » sont inhérentes à la vie en collectivité, elles participent également à l’apprentissage inévitable de l’interdit et d’une certaine forme de frustration, provoquée par la confrontation à cet interdit. Il est toutefois important que cet interdit soit justifié aux yeux de l’enfant afin qu’il puisse progressivement l’intégrer et l’accepter.

Les adultes veilleront à respecter les règles de vie au même titre que les enfants. Cette cohérence est importante et fait partie du respect qu’on se porte les uns aux autres.

Par exemple, si les enfants n’ont pas le droit de mettre les pieds sur la table, les adultes non plus.

Parents / permanents : différents éléments concrets jouent en faveur de la communication entre les différents adultes intervenant à la crèche : tableaux d’affichage, réunions régulières et éventuellement (ceci étant laissé au libre arbitre de chacun) rencontres informelles en dehors de la crèche.

Le Moulin Bleu doit être un lieu où chacun peut se sentir bien, à l’aise, de manière à ce que le climat général reste serein. Dans cet esprit, les éventuelles tensions ou conflits doivent être mis à jour et verbalisés, de manière à trouver au plus vite les solutions adéquates.

Si un différent doit être réglé, il est impératif que cela se passe en dehors de la présence des enfants.

De la même façon, il est évident que le respect des enfants passe par le respect de leurs familles. Il ne serait donc pas acceptable que les enfants soient témoins de propos malveillants concernant les parents de l’association.

La sérénité du Moulin Bleu repose sur le respect mutuel et sur un positionnement clair de la part des membres de l’association : les professionnels ont des compétences pour accompagner les enfants en collectivité et les parents ont leur compétence unique et personnelle de leur propre enfant. Parents et professionnels sont complémentaires, pas rivaux.

Adultes / enfants : il est important de parler à l’enfant et notamment de lui expliquer tout ce qui le concerne avec des mots, des tons, des sons vrais et justes qu’il peut comprendre dès son plus jeune âge.

L’enfant doit pouvoir se sentir libre de s’exprimer dès son plus jeune âge, et se sentir entendu. Par ailleurs, le mode d’expression du jeune enfant ne passant pas toujours par la parole, l’adulte se doit d’avoir une écoute sensible des besoins exprimés par l’enfant, que ce soit verbalement, physiquement ou par son comportement.

La seule limite à l’expression de chacun est le respect de l’autre, et ceci est valable pour les enfants comme pour les adultes. Une frustration est castratrice si elle est imposée arbitrairement, c’est-à-dire sans être fondée, ou sans être expliquée à l’enfant. Si elle a du sens, elle est au contraire structurante.

Exemple :

Louise veut absolument le camion de Paul et le désarçonne donc pour prendre l’objet convoité… Eh oui, Louise était frustrée… Mais maintenant Paul l’est à son tour…

L’adulte est là pour expliquer à l’un(e) que même si ce camion lui fait très envie, il (elle) n’a pas le droit de l’arracher à l’autre enfant. C’est frustrant, certes, mais ça veut dire aussi que quand son tour viendra de frimer sur le beau camion, personne n’aura le droit de le lui prendre de force…

On devine le côté structurant…

De même, les pratiques parentales doivent être respectées, même si elles sont différentes de ce qui se pratique à la crèche. Un enfant ne doit pas avoir l’impression que ce qu’il vit à la maison est « mal »ou « anormal ». Simplement, on ne fait pas de la même façon à la crèche. Par exemple, dans certaines familles, il est culturellement tout à fait normal et donc admis de manger avec ses doigts. Si un enfant s’entend dire « C’est sale de manger avec les doigts », sa culture est niée. Si on lui dit « les habitudes sont différentes à la maison et à la crèche, ici, on utilise plutôt les couverts », c’est déjà plus ouvert…

Enfants / enfants : le Moulin Bleu doit être un lieu où chaque enfant peut s’exprimer au travers du jeu, source de plaisir et de découverte, mais aussi dans les différents autres temps de sa journée.

Les adultes devront estimer le degré de leur intervention dans les conflits des enfants : vivre avec les autres, c’est aussi apprendre à se positionner par rapport aux autres, y compris en s’opposant.

A ce titre, l’adulte devra veiller à ne pas systématiquement s’interposer entre 2 enfants. Le rôle de l’adulte n’est pas d’empêcher les enfants d’entrer en conflit, mais de les aider à régler le problème autrement que par l’agressivité.

Par ailleurs, il est important de nuancer notre intervention : si une action peut être qualifiée de « bonne » ou « mauvaise », en aucun cas l’enfant lui même ne doit être identifié à son action. Au lieu de : « Tu es vilain d’avoir fait mal à ce pauvre Paul », disons plutôt : « Ce que tu as fait à Paul n’est pas gentil, parce que ça lui a fait mal ».

En dehors du projet pédagogique, les permanents et les parents se réfèrent à un règlement intérieur dont les clauses sont lues et acceptées dès lors qu’ils commencent à intervenir au sein de la crèche.

Projet pédagogique et règlement intérieur proposent ainsi une sorte de « garde-fou », un cadre stable et cohérent auquel se référer en cas de questionnement ou de désaccord.

Ce thème est inspiré par Balloons theme by Moargh.de.