VIVRE ENSEMBLE

Un enfant évolue bien dans un climat relationnel serein. Or, de bonnes relations vont souvent de pair avec une communication réelle et efficace. Cette communication doit être effective à tous les niveaux et entre tous les « acteurs » (enfants / permanents / parents).

La  vie  en  collectivité  implique  un  certain  nombre  de  règles  simples  ayant  comme  axe fondateur le respect de l’autre. Ces différentes règles doivent être expliquées aux enfants avec des mots simples et à leur portée.

Certaines règles sont incontournables, pour que la crèche reste un endroit où les enfants se sentent en sécurité : Il est INTERDIT de malmener un enfant, physiquement (le secouer, le tirer par le bras ou tout autre geste agressif) ou verbalement (se moquer de lui, le critiquer ouvertement, critiquer ses parents en sa présence…)

Notre rôle d’adulte est d’aider les enfants à exprimer leur désaccord ou leur colère par d’autres moyens que la violence. Cela implique aussi que nous adultes, évitions absolument tout passage à l’acte. Un adulte peut être soucieux, stressé ou excédé pour de multiples raisons. Dans ce cas, il doit pouvoir et savoir passer le relais pour éviter tout débordement. De même, les crises entre adultes doivent être réglées en dehors de la présence des enfants.

D’autres règles doivent être amenées avec plus de souplesse afin, notamment, de proposer un temps d’adaptation aux nouveaux venus (façon de se tenir à table ; ne pas réveiller les autres pendant la sieste…)

Outre que ces « règles du jeu » sont inhérentes à la vie en collectivité, elles participent également à l’apprentissage inévitable de l’interdit et d’une certaine forme de frustration, provoquée par la confrontation à cet interdit. Il est toutefois important que cet interdit soit justifié aux yeux de l’enfant afin qu’il puisse progressivement l’intégrer et l’accepter.

Les adultes veilleront à respecter les règles de vie au même titre que les enfants. Cette cohérence est importante et fait partie du respect qu’on se porte les uns aux autres.

Par exemple, si les enfants n’ont pas le droit de mettre les pieds sur la table, les adultes non plus.

Parents / permanents : différents éléments concrets jouent en faveur de la communication entre les différents adultes intervenant à la crèche : tableaux d’affichage, réunions régulières et éventuellement (ceci étant laissé au libre arbitre de chacun) rencontres informelles en dehors de la crèche.

Le Moulin Bleu doit être un lieu où chacun peut se sentir bien, à l’aise, de manière à ce que le climat général reste serein. Dans cet esprit, les éventuelles tensions ou conflits doivent être mis à jour et verbalisés, de manière à trouver au plus vite les solutions adéquates.

Si un différent doit être réglé, il est impératif que cela se passe en dehors de la présence des enfants.

De la même façon, il est évident que le respect des enfants passe par le respect de leurs familles. Il ne serait donc pas acceptable que les enfants soient témoins de propos malveillants concernant les parents de l’association.

La sérénité du Moulin Bleu repose sur le respect mutuel et sur un positionnement clair de la part des membres de l’association : les professionnels ont des compétences pour accompagner les enfants en collectivité et les parents ont leur compétence unique et personnelle de leur propre enfant. Parents et professionnels sont complémentaires, pas rivaux.

Adultes / enfants : il est important de parler à l’enfant et notamment de lui expliquer tout ce qui le concerne avec des mots, des tons, des sons vrais et justes qu’il peut comprendre dès son plus jeune âge.

L’enfant doit pouvoir se sentir libre de s’exprimer dès son plus jeune âge, et se sentir entendu. Par ailleurs, le mode d’expression du jeune enfant ne passant pas toujours par la parole, l’adulte se doit d’avoir une écoute sensible des besoins exprimés par l’enfant, que ce soit verbalement, physiquement ou par son comportement.

La seule limite à l’expression de chacun est le respect de l’autre, et ceci est valable pour les enfants comme pour les adultes. Une frustration est castratrice si elle est imposée arbitrairement, c’est-à-dire sans être fondée, ou sans être expliquée à l’enfant. Si elle a du sens, elle est au contraire structurante.

Exemple :

Louise veut absolument le camion de Paul et le désarçonne donc pour prendre l’objet convoité… Eh oui, Louise était frustrée… Mais maintenant Paul l’est à son tour…

L’adulte est là pour expliquer à l’un(e) que même si ce camion lui fait très envie, il (elle) n’a pas le droit de l’arracher à l’autre enfant. C’est frustrant, certes, mais ça veut dire aussi que quand son tour viendra de frimer sur le beau camion, personne n’aura le droit de le lui prendre de force…

On devine le côté structurant…

De même, les pratiques parentales doivent être respectées, même si elles sont différentes de ce qui se pratique à la crèche. Un enfant ne doit pas avoir l’impression que ce qu’il vit à la maison est « mal »ou « anormal ». Simplement, on ne fait pas de la même façon à la crèche. Par exemple, dans certaines familles, il est culturellement tout à fait normal et donc admis de manger avec ses doigts. Si un enfant s’entend dire « C’est sale de manger avec les doigts », sa culture est niée. Si on lui dit « les habitudes sont différentes à la maison et à la crèche, ici, on utilise plutôt les couverts », c’est déjà plus ouvert…

Enfants / enfants : le Moulin Bleu doit être un lieu où chaque enfant peut s’exprimer au travers du jeu, source de plaisir et de découverte, mais aussi dans les différents autres temps de sa journée.

Les adultes devront estimer le degré de leur intervention dans les conflits des enfants : vivre avec les autres, c’est aussi apprendre à se positionner par rapport aux autres, y compris en s’opposant.

A ce titre, l’adulte devra veiller à ne pas systématiquement s’interposer entre 2 enfants. Le rôle de l’adulte n’est pas d’empêcher les enfants d’entrer en conflit, mais de les aider à régler le problème autrement que par l’agressivité.

Par ailleurs, il est important de nuancer notre intervention : si une action peut être qualifiée de « bonne » ou « mauvaise », en aucun cas l’enfant lui même ne doit être identifié à son action. Au lieu de : « Tu es vilain d’avoir fait mal à ce pauvre Paul », disons plutôt : « Ce que tu as fait à Paul n’est pas gentil, parce que ça lui a fait mal ».

En dehors du projet pédagogique, les permanents et les parents se réfèrent à un règlement intérieur dont les clauses sont lues et acceptées dès lors qu’ils commencent à intervenir au sein de la crèche.

Projet pédagogique et règlement intérieur proposent ainsi une sorte de « garde-fou », un cadre stable et cohérent auquel se référer en cas de questionnement ou de désaccord.